Accueil A la une Tension politique, grèves et effervescence sociale : Rien ne va plus !

Tension politique, grèves et effervescence sociale : Rien ne va plus !

Effervescence sociale, corps de métiers en colère, grèves et tension politique, actuellement rien ne va plus en Tunisie alors que le pays est confronté à une période transitoire assez délicate et périlleuse. En effet, la période transitoire  n’a que trop duré et ses retombées commencent à se faire sentir au quotidien. Seule l’installation du nouveau gouvernement et la prise de décisions urgentes dans le cadre de plans de sauvetage pourraient rassurer les citoyens.

Cet épisode portant sur le processus entravé de la formation du gouvernement ne pouvait pas rester sans conséquences sur le quotidien des Tunisiens et sur l’atmosphère générale du pays. Outre les problèmes socioéconomiques auxquels sont confrontés en permanence les citoyens dont notamment la détérioration de leur pouvoir d’achat, la hausse des prix et la dégradation des différents services du secteur public, ils font face à de nouveaux problèmes et dilemmes politiques et syndicaux. C’est dans ce cadre que l’actuelle conjoncture par laquelle passe le pays s’est démarquée par des conflits à plusieurs dimensions, allant du processus de formation du gouvernement, arrivant aux crises dans certains corps de métiers et passant par les grèves et la tension sociale.

Pourquoi sommes-nous arrivés à cette situation ? En quoi toute la classe politique est-elle responsable ? Comment rassurer les Tunisiens sur l’avenir de leur pays, et notamment sur leur présent et sur leur quotidien ? Tant de questions, alors que toute l’attention médiatique est tournée vers les concertations sur la formation du gouvernement, oubliant que pour les Tunisiens il y a d’autres priorités auxquelles ils s’intéressent encore plus.

Conscient de cette ambiance peu encourageante qui règne sur le pays, c’est le président de l’Assemblée des représentants du peuple, Rached Ghannouchi, lui-même qui a prédit ce qu’il appelle une explosion sociale mettant en garde contre la marginalisation de certaines classes sociales. En effet, à l’occasion du sixième anniversaire de la ratification de la Constitution de 2014, tenue à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), Rached Ghannouchi a prononcé une allocution qu’on peut qualifier d’alarmante, déclarant que « neuf ans après la Révolution et six ans après la ratification d’une nouvelle Constitution, la Tunisie souffre toujours d’un fossé social et de déséquilibres de développement ». Il a ajouté qu’en dépit de la reconnaissance par l’Etat de la réalité de la marginalisation après la révolution, cet écart s’est creusé appelant à la nécessité de modifier la politique de développement.

Ghannouchi a également évoqué l’aggravation du chômage, la baisse des services en termes de santé, d’éducation, de transport et autres, en particulier dans les zones marginalisées par rapport aux zones côtières. Il a souligné que  la situation sociale est devenue une menace pour la voie démocratique et risque d’exploser ».

Faire prévaloir le social  

Car, en effet, depuis la révolution, la construction démocratique, la transition politique et les affaires des partis et de la vie politique d’une façon générale semblent avoir pris le devant de la scène au détriment des problèmes et questions sociaux qui ne cessent de causer des maux à toute la société, ce qui explique, en partie, le fait que les crises et perturbations sociales sont interminables et sont de plus en plus récurrentes. Et qui dit perturbations sociales dit grèves et protestations et c’est exactement dans ce sens que le champ Nawara, seule lueur d’espoir dans cette image brouillée, qui va produire la moitié de la production nationale en gaz naturel, a fait l’objet d’une polémique et a, dès son entrée en exploitation, fait face à sa première grève.

En effet, les ouvriers de la compagnie autrichienne OMV Petroleum Company, des champs gazier et pétrolier de Nawara et d’El Ouaha à Tataouine, ont observé une grève de deux jours avec présence sur les lieux de travail hier et avant-hier, provoquant un blocage de la production dés les premiers jours de fonctionnement. Dès lors, un conflit entre le ministère de l’Industrie et des Petites et moyennes entreprises et les dirigeants de l’Union générale tunisienne du travail (Ugtt) a rapidement surgi. Des rebondissements qui ont alimenté davantage la tension et la polémique entre le gouvernement et la Centrale syndicale, déjà en conflit à cause d’un échange de déclarations et d’accusations entre les deux parties.

Les corps de métiers forcent la main

Entre-temps et comme chaque début d’année, les différents corps de métiers entament leur bras de fer  et forcent la main pour garantir ce qu’ils appellent leurs droits. Si un accord a été trouvé entre les médecins du secteur privé et la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam), un blocage persiste toujours entre les autorités et les pharmaciens grossistes et répartiteurs des médicaments. Ces derniers ont d’ailleurs annoncé une grève à partir de demain jeudi, ce qui met en péril la santé des patients tunisiens qui risquent de connaître un véritable coup dur avec cette décision. Effectivement, la présidente de la chambre syndicale nationale des pharmaciens grossistes-répartiteurs, Wafa Ben Meddeb, a affirmé dans ce sens que «toute la chaîne du médicament est menacée de faillite, si les autorités concernées ne parviennent pas, bientôt, à une solution au problème de la taxe prévue par la loi de finances 2020». Des déclarations qui prédisent un nouveau blocage entre les pharmaciens et les autorités concernées, et c’est, comme toujours, le Tunisien qui se trouve coincé entre le marteau et l’enclume.

Vous l’aurez compris, actuellement, rien ne va plus dans le pays, ni pour les autorités, ni pour les citoyens, alors qu’un «air de pessimisme» ne cesse de s’emparer des esprits compte tenu de la lenteur du processus de formation du gouvernement et des problèmes socioéconomiques auxquels fait face la Tunisie, mais dans tout cela qui pense à l’intérêt commun et qui fait valoir les intérêts de la Tunisie ?

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